Travailler dans la durée
En 4e classe les élèves découvrent le point de croix et doivent coudre un sac à la main.
Le point de croix est un point de broderie que les élèves effectuent sur un canevas avec de la laine à broder. Pour ce faire, ils doivent choisir leurs couleurs parmi plus de 40 coloris et créer leur motif au fur et à mesure de l’ouvrage. Leur motif s’élabore à partir de tâches colorées aux formes libres (non géométriques), sur une base de symétrie à quatre miroirs.
La faculté de représentation est largement mise à contribution. Avec la broderie les ouvrages peuvent se déployer dans toutes les directions, y compris dessus/dessous. Les élèves doivent sans cesse être très attentif à leur travail et savoir distinguer le haut du bas, même si le motif « tourne » sans arrêt. Ils doivent également veiller à ce que l’arrière de leur ouvrage ne se surcharge pas en fils, ce qui est tout nouveau pour eux.
En début d’année, les élèves commencent par dessiner des symétries en miroir, puis effectuent des exercices afin de comprendre et d’expérimenter les déplacements du fil. Ensuite ils s’entraînent encore sur un petit ouvrage (un pique épingle), et pour finir, ils vont se lancer dans leur travail d’année.  Pour la première fois, ils passeront de longs mois sur un même travail. La plupart d’entre eux devront apprendre à surmonter certaines phases de découragement.
Au printemps, ils commencent la couture d’un sac (dont le format permet le transport de partitions ou cahiers de classe) portant sur la face avant en inclusion, leur point de croix. L’année s’achève par le sac terminé.
La pratique du point de croix procure calme et apaisement aux enfants de cet âge. Davantage confrontés à eux même, leur ouvrage leur tient beaucoup à cœur. L’exposition des sacs en fin d’année fait apparaître une magnifique diversité de couleurs, autant de nuances qui révèlent la personnalité de chacun.
En 5e classe, le tricot abordé en 1e et 2e classe fait son retour, avec un nouveau défi : tricoter sur quatre aiguilles.  Nous commençons l’année par réviser les points appris les années passées en réalisant un échantillon sur 2 aiguilles. Tout un univers ressurgit alors. D’abord les mailles endroit puis les mailles envers que nous alternons d’un rang à l’autre pour faire du jersey, puis que nous alternons d’une maille sur l’autre pour faire des côtes.
Les difficultés sont nombreuses : ne pas oublier de passer le fil d’avant en arrière, reconnaître l’endroit et l’envers du tricot, penser au volume avec un « dedans » et un « dehors », former un virage à angle droit sans couture et de plus avec quatre aiguilles dans les mains : voilà qui paraît insurmontable et comme une énigme pour une grande partie de la classe au début de l’année ! L’objectif des chaussettes est de faire vivre le passage du plan au volume lorsque les élèves tricotent le talon. C'est d'ailleurs en 5e classe qu'est également introduite la géométrie.
La pratique du tricot mobilise une concentration particulière. Quand les élèves maîtrisent le geste, ils peuvent presque tricoter les yeux fermés ou, du moins, de façon mécanique. Ils se réveillent lors des points techniques, à chaque changement d’étape : d’abord les côtes, puis le jersey, on arrive au talon et lorsque le talon est passé, c’est une épreuve de volonté pour tricoter en jersey jusqu’à la pointe du petit orteil où commencent les diminutions. La pointe se dessine et bientôt ils ferment la chaussette. Quelle fierté, quel contentement ! Ils prennent seulement quelques instants pour savourer puis se ruent sur leurs aiguilles pour démarrer la deuxième chaussette ! Cette dernière est déjà une autre aventure, ils sont plus autonomes, leurs gestes sont plus fluides, et on voit beaucoup d’entraide en classe quand certains sont bloqués ou ont oublié une étape.