Susciter la joie du mouvement
L’eurythmie est une spécificité de la pédagogie Steiner Waldorf. Pratiquée en école, elle est une application pédagogique d’un art du mouvement créé par Rudolf Steiner au début du siècle précédent. Originellement, l’eurythmie vise à transposer artistiquement dans des formes spatiales les qualités plastiques des sons articulés présents dans le langage (voyelles et consonnes). Des textes, poésies ou récits ainsi que des thèmes musicaux sont mis en forme par des mouvements exprimant leurs qualités propres.
Du point de vue pédagogique cette discipline contribue à développer un sens artistique du mouvement, favorise une relation harmonieuse entre les éléments psychique et moteur (psychomotricité), suscite la joie de bouger et le bien-être dans son corps.
En 1e classe, durant le cours hebdomadaire, l’enfant explore le cercle. Cette forme, image de l’unité, lui permet de percevoir son appartenance à un groupe dans lequel il se sent inséré : tout le monde peut percevoir tout le monde. Cette expérience fondamentale à cet âge s’effectue dans un souci de beauté tant dans la fluidité du mouvement que dans la régularité du cercle. Par la poésie et la musique, l’enfant apprend à relier ses mouvements au son, au rythme, à l’ambiance de ce qu’il entend, développant ainsi une présence corporelle et psychique adaptée à son âge.
Peu à peu, une écoute, une attention, un intérêt, une curiosité envers l’autre s’éveillent. L’élève de 2e classe aime tester les limites de l’autre et découvre un espace naissant entre lui et son voisin. Il s’oriente mieux dans l’espace, apprend à maîtriser ses pas (grands ou petits, rapides ou lents, forts ou délicats) en imitant une souris, un renard, un cheval... À l’aide d’images comme le ruisseau coulant entre les pierres ou le vent entre les arbres, l’enfant est amené, en marchant une forme, à vivre et à élargir son sentiment de l’espace. Le professeur s’appuiera sur des formes symétriques, expressions d’une dualité harmonieuse.
En 3e classe viennent s’ajouter des exercices répondant aux changements (évoqués plus haut) s’opérant au cours de la neuvième année. L’enfant prend davantage conscience de sa position par rapport aux autres. L'avènement d’une conscience plus intériorisée appelle l’introduction de formes avec croisements. Il s’agit désormais de développer une attention particulière aux interactions venant du groupe : laisser  passer  l'autre  au  bon  moment ou passer devant lui. C’est aussi le moment où les tonalités mineur/majeur sont introduites et travaillées dans l’écoute, puis dans le mouvement.