Élargir son horizon
En 6e, 7e et 8e classe, les élèves consolideront les acquis des classes précédentes. Une attention plus soutenue va être maintenant portée sur l’orthographe, le bon usage des différents temps, et le vocabulaire. L’expression écrite sera davantage mise en avant en insistant sur un phrasé correct et sur la bonne mise en forme des textes à rédiger.
À ces exigences s’ajouteront de nouveaux thèmes de travail, ayant pour but d’aider l’élève à développer une meilleure maîtrise de la langue, mais aussi de répondre aux besoins de son évolution intérieure. Durant ces trois années, un travail d’écriture gagnant progressivement en autonomie sera fortement encouragé afin de préparer le jeune aux méthodes pratiquées dans les grandes classes.
Langue orale, récitation, lecture
Durant la préadolescence et l’adolescence, la vie intérieure gagne en profondeur et en intensité. La palette des sentiments s’élargit, s’individualise et la relation au monde devient plus intense. L’enfant de cet âge est touché par des textes dont la portée émotionnelle ou dramatique est forte, tels que les chansons médiévales, exaltant les passions et les drames amoureux. Des textes choisis, issus de la poésie classique et moderne, ouvrent un éventail de thèmes pour lesquels il peut s’identifier (résonance entre une ambiance saisonnière et une humeur, sentiments de liberté ou d’emprisonnement, solitude et rencontre...).
En ressentant de plus en plus fortement son individualité, l’enfant est particulièrement touché par des récits ou des témoignages vécus, des biographies de personnages qui, à travers leurs actes et leurs efforts, leurs épreuves, leurs doutes et leurs joies, ont acquis une expérience de vie, une compétence particulière, qu’ils ont pu, le moment venu, mettre au service du bien commun.
Ces grandes aspirations, teintées d’idéalisme, font prendre conscience au jeune qu’il doit se chercher afin de trouver sa place dans le monde. Dans tous ces récits, les questions qu’il rencontre sont aussi les siennes. En 7e et 8e classes, l’élève éprouve le besoin d’élargir son horizon et se montre particulièrement réceptif aux grandes épopées humaines ayant conduit à des découvertes importantes. L’étude de la langue française jouxte alors avec l’histoire et la géographie lors de l’étude des grands voyageurs du début de la Renaissance, Colomb, Magellan, l’exploration des pôles, de l’Amazonie, etc.
Différents projets viennent nourrir les besoins ou les attentes du jeune adolescent : la rencontre avec des textes en vieux français usant d’un langage, d’une mentalité différente lui permet de s’ouvrir à d’autres formes d’expressions, d’accroître ses références culturelles et langagières. Il est fréquent de remarquer combien l’élève est rebuté par ce qui présente pour lui une difficulté d’accès, mais devient enthousiaste au cours du travail dès qu’il découvre la richesse de ce qui lui était préalablement caché.
Cet exercice culmine avec la découverte, en huitième classe, d’un texte théâtral à part entière (voir partie à ce sujet), que le jeune devra appréhender dans toute son exigence et sa complexité. D’une manière générale, l’élève, en huitième classe, est encouragé à cultiver ses goûts et ses intérêts personnels, non seulement à travers des lectures, mais également à travers l’élaboration de projets littéraires motivants et précis qu’il sera encouragé à mener à terme.
Écriture, grammaire, conjugaison
Le bouillonnement intérieur, si caractéristique de l’adolescent, ne trouve pas toujours, de prime abord, le chemin d’une expression claire et posée ! Il s’agit désormais de donner à l’élève les moyens d’exprimer ses idées et ses sentiments. Tant dans l’exercice écrit qu’oral, il est essentiel du cultiver la recherche de l’expression juste, efficace, et nuancée.
L’accroissement naturel des capacités d’observation et de raisonnement sont quotidiennement nourries et cultivées à travers les notions introduites dans le cours. Il s’agit ensuite de mettre en œuvre ces dernières au sein des projets d’écriture. L’aspect (conjugaisons, règles diverses) doit, peu à peu, être assimilé.
En grammaire, l’étude syntaxique des constituants de la phrase et de leurs relations logiques (nature et fonction des mots) précédemment abordée, se poursuit dans les 6e, 7e et 8e classes. Conjointement, un travail affiné sur la valeur des temps et des différents modes (indicatif, impératif, subjonctif et conditionnel), permet à l’élève de nuancer son propos, de prendre conscience et d’exercer les différentes qualités du langage.
L’étude approfondie des trois grands styles (lyrique, épique, dramatique…) ouvrent de nouvelles portes. La forme lyrique est propre à exprimer la vie intérieure et s’est particulièrement épanouie durant la période romantique. La forme épique rend compte des mouvements de la vie extérieure, se prête à des récits d’aventure et d’exploration. La forme dramatique apparaît dans la confrontation dialoguée et met en scène les oppositions, les tensions et les drames. Le spectre de la vie humaine peut devenir exprimable par l’usage et la maîtrise des différents modes d’expression, lesquels se rencontrent avec l’intériorité fragile et bouillonnante de l’adolescent.
Il s’agit encore de pratiquer, pour faire équilibre à ce travail, des travaux plus formels visant à développer la capacité d’analyse objective, ou l’esprit de synthèse : comptes rendus précis d’expériences ou d’observations, résumés, analyses de textes...
Certains exercices imposés entraînent l’élève à écrire selon des buts fixés à l’avance (émouvoir, convaincre, relater précisément, etc.). En grandissant (à partir de la 8ème classe), le jeune commence à chercher son style d’expression, qu’il emprunte souvent aux auteurs qu’il a aimés. Peu à peu, le langage, la forme écrite deviennent des outils de communication et d’introspection (journal intime).