Autres enseignements

6e, 7e et 8e classes

De la précision à la force de résistance, via la beauté

Avec le début de la 6e classe, la plupart des enfants ont dépassé le sommet de l'enfance. La période mouvementée de la puberté commence, et avec elle l'apparition du sentiment de pudeur, qui peut se manifester sous différentes formes. L'harmonie des mouvements, clairement visible jusqu'à ce moment-là, commence à se modifier, les proportions corporelles se déplacent en raison de la croissance en longueur et de nouveaux univers d'expériences intérieures se développent également.

L'immersion dans les contenus, jusque-là prioritairement ludiques, est peu à peu nourrie d'exercices réguliers, où l'accent est mis davantage, d'une part sur la précision, pour une bonne maîtrise du corps et d'autre part sur la correction individuelle de l'exécution, qui a alors une valeur significative dans le processus d'individualisation.

Une expérience sociale prime : se vivre soi-même, avec et dans le monde ; "je fais partie d'un groupe, je participe de sa constitution, et je suis aussi porté par ce groupe". En 6e classe, sauts, courses, lancers peuvent désormais être mesurés. Il s'agit néanmoins de ne pas trop créer une ambiance de compétition. L'expérience du jeu collectif au sein du groupe doit rester première, mais néanmoins sans nuire à l'individualisation qui veut se manifester. Dans les jeux de courses, la performance individuelle est importante, mais le groupe gagne, ou perd ensemble. L'éducation physique veut et peut renforcer les élèves dans leur développement grâce à des exercices ciblés et des tâches claires.

La confrontation plus consciente des élèves avec le monde va de pair avec le besoin d'ordre et de règles. Il n'est donc pas surprenant que le respect des règles du jeu et des formes d'ordre revête une importance particulière dans les cours d'éducation physique. Toutefois, il est aussi fréquent de contester les décisions de l'arbitre. Les règles ne doivent pas non plus être une fin en soi ; elles peuvent être discutées et modifiées avec le groupe au cours du jeu et parfois le rendre plus attrayant et modifier les défis.

La pratique prend une grande importance en 6e classe. Certains sont déjà devenus de véritables spécialistes dans divers domaines, y compris les activités physiques et sportives. En gymnastique Bothmer, c'est la force de redressement (haut / bas) qui prédomine.

Arrivé en 7e classe, l'élève a besoin d'être "tonifié" intérieurement, mais cette tonicité est corrélative de l'enthousiasme généré par l'activité… Il aspire à une certaine qualité intérieure pour pouvoir se montrer et se "justifier" à l'extérieur.

Le thème de base de l'enseignement de l'éducation physique en 7e classe est le dépassement de l'opposition entre amplitude et exiguïté, entre périphérie et centre (voir par exemple, les exercices de gymnastique Bothmer). Le fait de sauter, de rebondir et de s'élancer dans l'espace conduit à des expériences motrices bien spécifiques. Les jeux, de plus en plus complexes, et l'éducation physique en général, offrent un contrepoids en ce début de la puberté avec tous ses excès et l'éventuelle attitude hypercritique envers le monde. Ordre, force, mobilité, mais aussi beauté, doivent y être vécus comme les bases des performances. La notion d'art dans le meilleur sens du terme, favorisant le plaisir du mouvement habile et beau, est ici très importante.

En 8e classe, le temps de l'enfance se termine enfin. Toute une période est laissée derrière, "balayée", parfois rejetée avec véhémence. Cependant, la nouveauté qui doit venir n'est pas encore tangible. Les jeunes ne se sentent jamais à l'aise dans leur peau : les membres fortement développés manquent de soutien musculaire, les articulations font mal, tout tire et tiraille. Vu de l'extérieur, les proportions ne semblent pas "justes" — le petit athlète harmonieusement construit n'est qu'un lointain souvenir. Le corps plutôt maladroit à tendance à se heurter à tout — ce qui s'observe aussi clairement au niveau mental. Mais ces "heurts" ne peuvent être évités, ils font clairement partie du processus de développement, qui, pour l'individu, est marqué par la rencontre avec l'autre et le monde, auxquels il s'agit de s'éveiller, de se mesurer, de s'éprouver dans la lutte et l'épreuve.

À ce stade, s'élaborent la "charpente" de tous les contenus qui suivront plus tard. En physique par exemple, cette charpente, c'est la mécanique. En biologie, c'est le squelette, et nous avons pour tâche de le faire percevoir en EPS. Pour les garçons, le grand défi de la 8e classe est la gravité. Leurs longs bras et jambes dégingandés leur sont difficiles à contrôler. Les filles sont souvent plus à l'aise sur ce point, mais elles ont aussi du mal à gérer leur corps qui a beaucoup changé. Ces différences sont prises en compte avec finesse dans la mixité en EPS, où les élèves doivent se percevoir mutuellement dans leurs nouvelles particularités et qualités, en tant que filles et garçons. Individualisation et différenciation des contenus passent désormais au premier plan. Prendre conscience de sa propre attitude, désirer l'améliorer, apprendre à supporter ce qui se passe, et à persévérer… Quelques courbatures, savamment dosées, peuvent même être salutaires.

Une confiance fondamentale dans les jeunes est ici indispensable. Face au potentiel désordre, voire au chaos, structure, tâche et stratégie claires agissent souvent comme une délivrance. Il s'agit d'assurer aux jeunes la sécurité de leurs actions, de leur permettre de comprendre le temps et le lieu dans lesquels ils vivent, expérimentent et évoluent. Le travail de l'endurance doit évidemment se poursuivre, notamment pour assainir le mouvement et harmoniser les développements musculaire et physiologique avec la croissance.

Activités mises en œuvre :

Au choix de l'intervenant, avec minimum 2h par semaine, en respectant une progression en fonction de l'âge des enfants quant au degré de difficulté à aborder dans les différents domaines d'activité :

• Rythmes courus et sautés de plus en plus complexes, déplacements variés en équilibre, saut à la corde
• Poursuite des jeux de manipulation d'engins (bâton, cerceau, corde, ballon) et autres matériels (diabolo, balles de jonglage, etc.).
• Jeux de course et d'attrape, relais…
• Petits jeux pré-sportifs avec des règles simples, passer, attraper et lancer, balle au prisonnier, balle brûlante, passe à dix…
• Sport collectifs adaptés (règles simples et modulables…)
• Gymnastique bothmer : des exercices géométriques (carré, triangle), aux chutes (chute dans le plan incliné), en passant par les élans (saut dans le point, boucles, grand rythme…).
• Gymnastique sportive au sol : des roulades aériennes et sautées, aux salto avant, en passant par roues, équilibres divers (ATR), etc.
• Gymnastique artistique : acrobatie : exercices avec partenaire, de simples à plus complexes, petites pyramides, exercices avec engins, etc.
• Athlétisme : lancers encore assez spontanés (balles, javelot, frisbee, disque… sprint (graduellement de 40/50m à 80/ 100m), saut en longueur et en hauteur, entraînement à la course d'endurance, etc.
• Natation :
• Nage de distance, nage de vitesse (individuelle ou relais), style de nage (accents sur le dos et la brasse), apnée, plongeon en 6e
• Approche éléments du crawl, sauts de base en avant et en arrière, sauts périlleux, etc. en 7e
• Nages variées (dorsale, ventrale, alternée, simultanée), mise en place de virages, sauvetage, etc. en 8e