Créer de la profondeur
La 6e classe marque l'entrée dans la puberté et la préadolescence. Peu à peu le vécu intérieur propre à l'enfance s'atténue, et l'acuité du regard porté sur le monde extérieur s'intensifie. Le besoin naît chez l’élève d'introduire plus de réalisme dans les représentations picturales, comme en écho à l'époque de la Renaissance qui est l’objet principal du cours d’arts visuels à cet âge. Il est temps désormais d'inclure le point de vue de l'observateur dans les réalisations graphiques des élèves.
Pour ce faire, on aborde tout d'abord les "valeurs des couleurs" - le clair, le foncé, qui permettent de créer de la profondeur de champ dans une peinture. On observe soigneusement un paysage, une nature morte, et on fait la distinction entre le premier plan et l'arrière-plan. Les élèves interrogent les règles de composition : quelles proportions donner aux éléments qui composent ma peinture, comment organiser l'espace offert par ma feuille blanche pour restituer un paysage ou un objet. Surtout, on essaie à présent de faire transparaître le point de vue de l'observateur, comment apparaît tel objet si je le regarde depuis tel ou tel côté ? etc… Plusieurs auteurs et œuvres sont présentés aux élèves.
En 7e classe et 8e classe, on franchit un cap en introduisant la notion de perspective et de point de fuite, dans un premier temps par une observation rigoureuse de ses propres perceptions plutôt qu'avec une méthode systématique et mécanique. On s'exerce d'abord avec des objets simples, comme le cube, une boîte d'allumette, une pince à linge, un jeu d'échec avec ses pièces et son damier, pour peu à peu amener les élèves à conscientiser les règles de la perspective, à un ou plusieurs points de fuite. D'autres formes plus complexes comme le cône ou la sphère seront abordées quand les élèves sont suffisamment aguerris.
On peut ensuite se poser la question de la restitution de l'éclairage dans un dessin. L'usage du fusain et du crayon de papier permettent de se concentrer sur les contrastes et les niveaux de gris. Bien souvent, il faut accompagner les élèves à surmonter leur maladresse et leur découragement, à oser faire apparaître le noir, et - a contrario- à savoir garder des réserves de lumière dans leur composition ; bref à introduire du contraste dans leur travail. En effet, la pudeur propre à la préadolescence peut les enfermer dans de faibles contrastes, qui échouent à donner un vrai relief aux dessins.
Le grand projet de théâtre de la 8e classe est l'occasion d'une mise en œuvre concrète des notions abordées en dessin et en peinture. Les élèves participent à la réalisation des décors, pour lesquels les notions de perspectives, de proportions et de réalisme sont indispensables. Idéalement les élèves peuvent également s'investir dans le travail d'éclairage qui sollicite également les compétences acquises en arts plastiques.