Écrire et lire
En 1e classe, les enfants arrivent avec une grande soif d'apprendre à écrire et à lire. Le professeur cherchera à cultiver cet intérêt et cet enthousiasme par un enseignement vivant et imagé.
Apprendre à écrire signifie se familiariser avec le monde des lettres. Que sont les lettres ? Des signes : en tant que telles, elles n'ont pas de sens, mais elles signifient quelque chose. Jusqu'ici, l’enfant a vécu dans un monde d'objets où chaque chose était bien ce qu'elle prétendait être ! Avec les lettres, c'est différent ; l'enfant entre dans le monde des signes abstraits.
La manière dont l’écriture s’est développée dans les anciennes civilisations, partant de signes très imagés (un oiseau par exemple) pour aller peu à peu vers les signes beaucoup plus abstraits que nous connaissons, peut nous servir de modèle pour introduire l’alphabet aux élèves et qu’ils aient l’occasion de s’y relier de façon vivante.
La rencontre avec chacun des signes de l’alphabet va ainsi être particulièrement soignée, mettant en lien à chaque fois la sonorité (phonème) et la forme de la lettre correspondante (graphème).
La lettre ne sera pas vécue comme un signe étranger venu de nulle part, l'enfant va vraiment participer à sa "naissance", lui trouver un sens, et finalement s'y lier, avec toute sa volonté et tout son cœur.
À côté de la découverte des lettres, l'expression orale tient une place majeure dans l’apprentissage de la langue maternelle ; elle s’exerce quotidiennement à travers des temps d'échanges, des récits d’élèves, des poésies… Le professeur veille à une belle expression et à une allocution soignée.
En 2e classe, après une première familiarisation avec les lettres majuscules, les enfants vont pouvoir davantage se lier aux mots, puis aux phrases par la découverte des différents phonèmes-graphèmes et unités de « sons ».
Ils apprendront ensuite les minuscules en écriture scripte. Le travail d'écriture et de lecture devient à ce stade plus conséquent. Il est à préciser que depuis le début les élèves travaillent sur des feuilles blanches non lignées afin de développer par-eux même le sens de l’espace et la maîtrise de leur écriture. La feuille blanche permet au début d'écrire en grand puis de réduire progressivement la taille des lettres jusqu’à en arriver (dans les classes suivantes) à un format plus « conventionnel ». Les élèves commencent également à recopier des petits textes préparés à partir d’un travail d'écoute et de décomposition des mots par syllabes.
L’apprentissage se déploie au départ dans le sens d’un processus analytique qui part du tout vers les parties : l’enfant apprend à distinguer et à extraire de l’ensemble d’un mot ou d’une phrase les lettres et les sons qu’il a appris. Puis vient le processus synthétique qui réinsère l’unité au sein du mot complet ou de la phrase. Par l’analyse, l’enfant s’éveille et mesure consciemment ce qu’il sait ; par la synthèse, il assimile inconsciemment des éléments plus vastes.
A partir d’une importante pratique écrite, commence l’exercice de la lecture. Chaque enfant s'y lie à son propre rythme. La lecture s’effectue d'abord collectivement et à voix haute puis s’individualise peu à peu selon les capacités de chacun.
En 3e classe, l'enfant apprend l’écriture cursive. Sa capacité motrice s’est affinée et son écriture devient alors plus personnelle. La qualité du graphisme est largement exercée. L'exercice régulier du dessin de formes y contribue grandement, amenant maîtrise et fluidité au geste (cf paragraphe dessin de formes).
Des petites dictées de mots ou de phrases simples sont données aux enfants.
Les enfants commencent à aborder la lecture de petits ouvrages, à en lire des passages devant la classe ou à en faire des résumés à l’oral.
L’introduction de la grammaire constitue la grande nouveauté de la 3e classe. Dans les premières années de son existence, l'enfant s'est ouvert à la parole de façon spontanée. Avec l'école, il est immergé dans les différentes qualités du langage oral et s'en imprègne profondément (poésie, récits, etc…). Autour de ses 9 ans, l'enfant est davantage capable de se distancier du langage pour l'observer d'un point de vue plus extérieur : la grammaire peut être introduite à ce moment-là.
A travers toutes sortes d’exercices l'enfant va peu à peu s'éveiller aux qualités propres de sa langue et de sa structuration. Il va être amené à percevoir la musicalité, le rythme amené par la ponctuation, mais aussi les qualités propres des mots : par exemple du verbe en tant que porteur de l’élément actif, l’adjectif qui teinte le monde de différentes qualités du monde. Le travail oral développant un sentiment vivant des valeurs du langage est encore largement présent pour appréhender la langue de manière "vivante", dans toute sa musicalité et ses nuances.